Ce blog d'écrits de science-fiction va bientôt fermer et son activité va être dirigée sur un nouveau site :

Vous pourrez y retrouver tous les écrits déjà présents, et il sera un peu plus mis à jour que celui ci.
Heureusement, les t’arn ne courent pas les rues. Enfin c’est ce que pensait Marco alors que les réacteurs de la baleine se mettaient péniblement en route. Bientôt la poussée fut suffisante pour arracher la masse d’acier branlante à l’astroport 2 de l’astéroïde. Marco corrigeait le vecteur d’approche pour une mise en orbite optimale, chose qui n’étais jamais aisée avec la carlingue qui servait de vaisseaux au capitaine Walker et à son équipage de têtes brûlées. Il était assez excité par la course au trésor qui s’annonçait, et ne cessait de penser aux montagnes de fric qu’ils allaient amasser en parcourant cette partie là de la galaxie. Sans parler de la cargaison d’ogives plasmiques de classe VI qu’ils avaient chargé en douce sur X33 et que le capitaine comptait bien revendre avec un substantif profit sur une quelconque zone en guerre. Ce type de recel était bien entendu condamné par une centaine de lois diverses et variées, mais ce n’était pas en restant honnête qu’on gagnait sa vie, tout le monde le savait. Et puis, la galaxie étant ce qu’elle est, 5000 missiles thermoplasmiques de fabrication Impériale était une cargaison qui trouvait rapidement preneurs.
- Mise sur orbite accomplie capitaine !
- Stabilisation terminée ! Les moteurs seront prêts pour le saut dans 8 minutes. Quelle destination mon capitaine ?
Le capitaine Karl Walker releva la tête de son pupitre de commande et adressa un sourire cupide vers son lieutenant :
- Ô Marco, grand maître du livre sacré, par où devons-nous commencer ? Les autres matelots se tournèrent intrigués vers un Marco farfouillant avec envie dans son petit carnet.
- Et bien Capitaine, il me semble que le système d’Esmina est tout indiqué. Nous en sommes très proches, et d’après ce que j’arrive à comprendre on pourrait se faire plus de 400 000 astrocrédits en un minimum de temps ! Cette fois les autres membres d’équipage bondirent de leurs postes de travail pour entourer Marco et le capitaine.
- C’est vrai mon capitaine, on va gagner des sous ?
- Et recevoir notre solde ?
- Et celle du mois dernier ?
- Et aussi les soldes des 4 mois d’avant?
- Sans danger ?
- Et sans mourir ?
- Ni se faire tuer ?
Le Capitaine déclara avec la classe d’un honnête politicien qu’une source d’argent facile n’était pas loin. Ce qui rassura et encouragea l’équipage, non pas qu’ils croient à ce que leur racontait le capitaine Walker, mais une beuverie suivait généralement les grands discours épiques de ce dernier. Il fallait d’habitude une bonne biture pour accepter de suivre dans les pires bourbiers de la galaxie le capitaine Kew Walker. Ou alors pour oublier qu’on faisait justement partie de son équipage.
Walker entraina Marco à l’écart des autres officiers et l'emmena au sommet de la passerelle de pilotage de la baleine, juste sous la bulle d’observation. De là les deux pirates pouvaient observer l’immensité de l’espace. L’astéroïde qu’ils venaient de quitter occupait encore une bonne partie de leur champ de vision, masquant une grande part de la mer d’étoiles. De nombreux vaisseaux allaient et venaient, attendant l’autorisation d'atterrir sur l’astéroïde, ou d’autres qui allaient bientôt repartir pour le vide de l’espace comme la baleine. Marco regardait rêveur le ballet des nefs spatiales tandis que le capitaine allumait un de ses meilleurs nuveohavana. Son attention s’arrêta sur un redoutable croiseur de la Control And Kill Brigada, au profil de requin hérissé de tourelles d’armement. Marco pensa que les flics devaient être en train de contrôler tous les cargos en orbite pour essayer de trouver des t’arns planqués au fond de la soute d’un quelconque contrebandier. À vrai dire, il était heureux de pas avoir affaire à un croiseur de classe DTC. Cela aurait été un combat bien trop inégal pour l’antique baleine, et la flicaille de la Control And Kill Brigada aurait bouffé du sushi de cétacé pendant une semaine...
- Aah Marco, mon petit Marco ; Le capitaine venait de placer son bras autour de l’épaule de son lieutenant, et admirait les étoiles en fumant son cigare. Il reprit après une bouffée (à moitié recrachée dans la face du pauvre Marco)
- On sera bientôt riches, et ce grâce à toi. Tu sais, je pense vraiment que tu peux me demander ce que tu veux . Après tout, on se connaît depuis mal de temps, et on a été dans tous les coups durs. Non vraiment, oublies le capitaine.
- Mais chef…
- Suffit ! Marco, mon petit Marco, demande, je n’ai qu’une parole !
- Alors Capitaine mon choux c’est simple, très simple. Il suffira que tu me… Le matelot qui débarqua dans la nacelle d’observation en gueulant qu’un croiseur de keufs s’approchait dangereusement sauva ainsi le bon goût de cette nouvelle. Le capitaine bondit ainsi vers la passerelle en laissant sur place un pauvre Marco bien dépité.
Van ramassa au sol une autre poignée de gravillons. Il les jeta d'un geste ample juste au delà du petit buisson. Les pierres suivirent une courbe avant de retomber s'éparpiller sur l'herbe. Elles touchèrent le sol en soulevant de nombreuses éclaboussures. On pouvait voir les petites gerbes liquides s'élever et retomber, en faisant, naitre sur la terre rocailleuse des ondes glissantes. Elles se croisaient et s'entrechoquaient, les rochers, la terre, les mottes et l'herbe se tordaient tous sous des formes de vaguelettes liquides. Peu à peu, le sol devant eux retrouva le calme, tel un étang n'ayant jamais perdu sa tranquillité.
« Et bien, moi qui rêvait justement d'un bonne baignade! » Van se retourna vers son cousin, accroupi quelques mètres derrière lui.
« Et bien plonge, cela n'attend que toi. Mais moi je persiste à trouver déplaisante l'idée de barboter dans la terre et la rocaille. » Van se redressa. Il pouvait voir la petite prairie qui s'affaissait une centaine de mètres plus loin sur un lit de ruisseau embroussaillé. Elle avait, la perturbation passée, un aspect des plus normal. Sacha s'était foutu sur son séant, il farfouillait son sac à la recherche de quelques victuailles. Van le rejoignit. « Je pense que nous n'avons plus qu'à rebrousser chemin. Le bois sur le coté ne m'ispire pas plus que cette bizarrerie. » Entre deux bouchées de saucisson, son cousin parvint à lui répondre.
« Quel endroit étrange tout de même. Heureusement que tu as toujours été prudent, Van. Moi j'aurai passé à travers comme un con. » Ils partagèrent le reste du saucisson et un de café froid. « Rentrons au camp avant la nuit. Ce n'est pas aujourd'hui que nous trouverons notre passage vers des montagnes d'or. » Van serra son sac à dos, et avant d'emboiter le pas sur Sacha qui partait, jeta un dernier coup d'œil vers la prairie. Rien ne pouvait faire penser au phénomène dont ils avaient été témoins.
« Ni même demain, d'ailleurs » chuchota t-il en marchant.